Visites aux aînés de Cauterets

C’est la première vraie journée d’automne de cette année. L’air se rafraîchit et l’approche de la commémoration des fidèles défunts (le lendemain de la Toussaint) touchent certains de nos aînés. Mais tous semblent très heureux de la visite de leur vicaire. Ils le connaissent bien maintenant : ces rencontres ont eu lieu déjà plusieurs fois cette année. Et ce n’est pas un visiteur comme les autres.

Les foyers s’ouvrent avec chaleur grâce à la présence rassurante de Marie-Bernard, cauterésienne très engagée dans notre village. Elle est leur repère. Accepter quelqu’un chez soi n’est jamais évident, encore moins lui donner sa totale confiance dans un véritable échange. Eux sont des cauterésiens dont les corps ne les portent plus jusqu’à l’église. La côte, digne d’un village de haute montagne, pour y monter ou y descendre, selon son quartier, est vraiment très raide. D’autres n’osent plus passer les portes de l’église, alors l’Église vient à eux, chez eux. Car ils sont tous membres à part entière de l’Église. Le terme « d’empêchés » ne rend pas hommage à leur rayonnement. Ces personnes sont tout au contraire illuminées des possibilités infinies du Christ. Les visages sont transfigurés. Être chez eux permet aussi de sentir leur quotidien et leur vie : souvenirs, marques du passé, leur réalité journalière peut-être aussi. Ils sont bien forts de leur vie.

Il n’y a rien d’anodin ou de futile dans ces rencontres. Ce n’est pas que prendre des nouvelles, ce n’est pas que donner la communion, parler de Dieu ou le prier, ce n’est pas que se parler ni se voir non plus.

C’est la prière

Nous avons invoqué par notre rencontre la grâce d’être attentifs à Dieu et aux autres. Nous avons prié pour la paix en Israël-Palestine.

C’est la parole de Dieu

Le père a l’habitude de prendre l’Évangile du dimanche suivant afin d’être en lien avec l’assemblée dominicale – en primeur. L’Évangile de ce dimanche était la parabole du festin des noces (Mt 22). « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célèbre les noces de son fils ». Les invités se désintéressent de son appel voir pire, certains tuent les ambassadeurs. Alors tous, trouvés au hasard, bons ou mauvais, sont conviés par les serviteurs du roi. Celui qui ne porte pas de vêtement de noces, le roi le jette entravé dans les ténèbres du dehors car là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. « Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Un enseignement nous est donné : pour recevoir Dieu, il faut nous tenir toujours prêts. Penser que tout est miséricorde n’enlève pas la réalité du péché.

Souvent, nous oublions que le cœur de Dieu est toujours grand ouvert. Nous ne percevons pas ses grâces. Car nous sommes distraits par les petites choses de nos vies. Il arrive aussi que nous nous présentions à Lui sans être prêt ou dans de mauvaises conditions, distraits ou accaparés… alors nous le manquons. Pourtant la grâce de Dieu se déploie toujours dans nos vies, nos rencontres, notre famille, y compris dans nos douleurs.

Alors devons-nous être des justiciers de Dieu ? Qu’est-ce qui fait que l’on est choisi ? Comment savoir si nous sommes appelés ? Le chrétien ne fait-il pas toujours parti des élus ? Le Christ est-il le seul élu ? Voilà les questions que nous posent cette parabole.

Le rituel eucharistique

Lorsque le père Appolinaire revêt son étole fine, brillante et violette et que la custode s’ouvre, il règne un véritable air de fête. C’est le corps du Christ ressuscité qui s’invite chez nos amis visités.

Adieu père Appolinaire

Il pensait venir ici pour trois ans. Il n’en aura passé qu’un tiers. Il n’aura même pas pu honorer l’invitation de monsieur le Maire de Cauterets pour un café, il s’en excuse. La mission qu’il souhaitait mettre en place était de donner le sacrement de la réconciliation et des malades, en créant un lien durable avec les cauterésiens. La vie de sa congrégation l’emmène déjà vers d’autres desseins. Mais un courant est à présent établi, d’autres pasteurs viendront à sa suite. Il nous a fait aussi part de son réel souci pour notre grande pauvreté : le manque de prêtres. Il intercédera pour nous. C’est qu’il part former des prêtres au Cameroun…

Nous faisons nôtres les mots d’une paroissienne : « nous nous réjouissons pour vous, car vous rentrez chez vous ; mais vous, surtout, ne nous oubliez pas ».

Une paroissienne